L'inclusion : Réflexions et questionnements sous-jacents à l'idéal inclusif




Le terme 'inclusion' vient du verbe inclure, qui signifie faire entrer quelque chose dans un tout dans un ensemble, action d'intégrer un groupe afin de mettre fin à leur exclusion.

Du latin « inclusio » : emprisonnement. Cette conception latine est intéressante car elle sous-entend l’enfermement, la délimitation, les barrières virgule le cloisonnement.

L'action d'inclure apparait donc comme le fait de faire passer de l'extérieur à l'intérieur. Péjorative dans le vocabulaire latin, c'est dans notre langage francophone un mot qui a le vent en poupe et qui promet les plus belles intentions : lutter contre l'exclusion, développer le vivre-ensemble, lutter contre les inégalités, développer l'égalité des chances…

Un joli programme en somme. Tellement enthousiasmant qu'il apparaît désormais comme une bannière incontournable dans le monde du socio-éducatif, de la politique, de l'éducation, du travail. On doit inclure pour ne pas exclure ! Un peu binaire comme paradigme non ? En réalité, on peut se questionner sur l'existence même de ce terme, qui sous-entend à lui seul qu'il y aurait un groupe «  in » et un groupe « out », pour le résumer de manière un peu simpliste. Plus subtilement, il s'agirait en fait de se poser les questions suivantes : qui a besoin d'être inclus ? qui est déjà inclus ? Et parallèlement comment devient-on un inclus ?

De fait, le terme d'inclusion pose le postulat que des barrières existent bel et bien. C'est un fait, la société est cloisonnée et hiérarchisée et nous pouvons nous reporter aux travaux de Bourdieu, entre autres, pour nous en assurer de nouveau. Ce qui est interpellant ici, c'est l'angle choisi pour lutter contre l'exclusion : au lieu de proposer d’ôter les barrières, on propose de les ouvrir pour inclure. On propose de passer au-dessus, de les contourner, de créer des ouvertures. Mais pourquoi partir du principe que ces barrières sont immuables et justes ? Sont-elles légitimes ? Ne vaudrait-il pas le coup de s'interroger à leur propos ? Sur leurs enjeux ? 

Le terme d'inclusion renforce davantage le cloisonnement et stigmatise, à lui seul, ceux qu'il faudrait inclure à tout prix, il implique par essence un étiquetage, une catégorisation, et de facto une exclusion de l'autre ! Paradoxe.

Ne dit-on pas « l'enfer est pavé de bonnes intentions » sous ses airs altruistes et humanistes qui donne bonne conscience, le joli mot d'inclusion recèle une réalité amère. Les exclus resteront 'les autres', car une fois inclus, ils deviendront alors 'les inclus'.

 En réalité, se pose ici la question du mot 'existence', n’est-on pas inclus par notre simple existence ? Ne fait-on pas partie du groupe des humains par notre simple présence sur terre ?  N’est-ce pas cela l’humanisme ?

Que ce soit le handicap, l'ethnie, le genre, la maladie, les origines, l'orientation sexuelle, sociale, la religion la culture... Le concept d'inclusion pose l'idée très questionnante de passer de la différence à l’homogénéité, de la différenciation à l'uniformisation. (Oserais-je dire à « l'assimilation », vestige colonial et prisme par lequel est appréhendée la laïcité 2. 0 ainsi que le rapport à l'altérité en France.)

Humaniser l'apprentissage, et plus largement la société, ne serait-ce pas penser l'élève avec ses spécificités, et faisant en même temps partie d'un tout ?

 

Ma proposition est alors celle-ci : Au lieu de demander à un individu de devenir comme les autres, d'entrer dans 'le cercle de la normalité', d'être 'comme les autres' , il s'agirait plutôt de lui permettre d'intégrer pleinement la place qu'il a déjà, par essence, tout en s'intégrant harmonieusement dans un ensemble commun. 

C'est cette subtilité qui fait toute la différence car les barrières s'effacent pour laisser place à des flux mouvants où chacun peut apprendre de l'autre et se positionner comme étant son équivalent humain ; cela renforce la valeur de chacun et son sentiment d'appartenance. Articuler l'individualité avec la collectivité : c'est peut-être cela humaniser et dès lors il n'y a plus lieu de penser l'inclusion mais plutôt la cohésion. 

Selon Brigitte Bouquet, dans "L'inclusion, approche socio sémantique" (Vie sociale 2015/3, n11, p 15 à 25) ; l'inclusion comporte deux aspects : l'inclusion ségrégative et l'inclusion intégrative, elle ajoute : « Toutefois l'emploi actuel de ce mot est dans un sens très positif, évoquant une finalité point il est lié au processus d'insertion sociale et d'intégration économique, et à la recherche de participation sociale, culturelle et civique des personnes et des groupes sociaux ».

Selon la Commission européenne, « l'inclusion sociale est un processus qui permet aux personnes en danger de pauvreté et d'exclusion sociale de participer à la vie économique, sociale et culturelle et ainsi de jouir d'un niveau de vie décent. Ces personnes doivent être impliquées dans les prises de décisions qui affectent leur vie et bénéficier d'un meilleur accès à leurs droits fondamentaux. » Brigitte Bouquet mentionne ce sens européen du terme, l'inclusion est davantage une vision large de la société qui inclut la citoyenneté. Au sens français du terme, c'est davantage l'inclusion sociale qui prime.

 Brigitte bouquet parle d'un passage d'un système intégratif à un système inclusif. Chaque domaine est concerné par le processus d'inclusion sociale puisqu'il doit permettre aux citoyens d'adopter une approche active dans tous les aspects de la vie sociale.  Concernant le système éducatif, elle met en avant une transformation progressive passant d'une école ségrégative à une école intégrative pour enfin arriver à une école inclusive. Cependant la définition de l'école inclusive, venant du concept anglais  « inclusive éducation », pose question par rapport à la réalité empirique : « processus visant à tenir compte de la diversité des besoins et à réduire l'exclusion qui se manifeste dans l'éducation elle suppose la transformation et la modification des contenus, les approches, des structures et des stratégies, avec une vision commune qui englobe tous les enfants de la tranche d'âge concernée, et la conviction qu'il est de la responsabilité du système éducatif concerné d'éduquer tous les enfants ». (Unesco, principes directeurs pour l’inclusion, 2005 p.14).

On peut s'interroger sur la mise en place de ces principes inclusifs notamment en termes de handicap, difficultés scolaires, milieux sociaux ... Cela nécessite de réévaluer les enjeux de l'éducation et les rouages d'un système complexe et quelque peu obsolète. Prenons l'exemple du décrochage scolaire. Les dispositifs annexes foisonnent pour accompagner ces enfants. Cependant, même si ces derniers sont nécessaires et utiles, la problématique du décrochage est toujours bien présente. Démultiplier les espaces les actions (les cases ?) destinée aux élèves en décrochage, revient à faire du curatif. C’est toujours mieux que de ne rien faire mais c'est plus complexe, energivore et beaucoup moins efficace que le préventif. L'éducation inclusive ne pourrait-elle pas alors être pensée de manière collective justement ? C'est à dire au sein même de l'école, pour tous les élèves, et par là nous n'entendons pas la présence du dispositif intra- scolaire destinés aux élèves décrocheurs (et qui les stigmatisent davantage), mais il est bien question de transformation au sein même des pratiques éducatives communes à tous les élèves, du système scolaire proposé à l'ensemble des élèves. 

Bien entendu, il peut exister des sas de raccrochage scolaire pour les élèves en qui en ont besoin.

Cependant penser le changement d'un système global pour en faire bénéficier tous les élèves de manière efficace et positive, n'est-ce pas cela l'inclusion ? 

L’inclusion scolaire apparaît alors comme une notion bien plus complexe qu'elle n'y paraît.  Il ne s'agit pas d'afficher cette notion comme une valeur sacrée, de poser des filets de secours pour que certains élèves ne tombent pas, mais bien de s'assurer que même si ces filets peuvent exister, tous les élèves bénéficient d'un parcours pertinent et favorisant intrinsèquement la participation de chacun, sans catégorisation.

 On peut évoquer les pédagogies différenciées, le décloisonnement de l'école vers des champs complémentaires (culturel, socio-éducatif, médical, sportif etc), la diversification pédagogique (la prise en compte des émotions et du corps dans l'apprentissage en fait partie point et bien d'autres éléments). Un chantier ambitieux et conséquent mais dont les enjeux amèneraient certainement, non pas à de l'inclusion, mais bel et bien a de la cohésion (force qui unit les différentes parties d’un tout) scolaire, pour aller, in fine, vers une cohésion sociale.

Des jeux pour favoriser la lecture et l'écriture !

Voilà quelques jeux faciles à mettre en pratique et qui favorisent le plaisir d'écrire et de lire :






La ronde des lettres 

Profil : corporel-kinésthésique, auditif, (visuel)
Matériel : Du carton


Découper dans du carton les 26 lettres de l’alphabet.
Les peindre de couleurs différentes. Disposer une douzaine de lettres en cercle de sorte que l’enfant puisse se mettre au milieu et ait de l’espace (les cartes doivent se trouver à 1 mètre de l’enfant).  Commencer par dire des sons un à un. L’enfant doit alors mettre son pied sur la lettre qui produit ce son. Par la suite introduire la notion de temps : défi des 30 secondes, des 20 secondes, des 10 secondes, des 5 secondes. Associer ensuite plusieurs sons, comme pour des syllabes. Toujours sous forme de défi temporel.
Enfin proposer des mots, l’enfant doit alors recomposer les lettres qui forment ces mots le plus vite possible, en posant le pied sur chaque lettre, ce qui le fait bouger d’un côté à l’autre du cercle ! Au fur et à mesure, on peut éloigner les lettres pour plus de difficulté !

Conseil d’amie : Utilisez des mots que l’enfant est apte à déchiffrer ! Osez aussi introduire des mots nouveaux, inconnus de votre enfant et les expliquer ensuite !



Le petit + : Vous pouvez tout à fait réviser une liste de mots de dictée de cette façon-là ! L’enfant allie alors dépense d’énergie, plaisir et apprentissage !


L'acrostiche

L’enfant cherche pour chaque lettre de son prénom un adjectif ou un mot se rapportant à lui. Il écrit cela verticalement et peut y ajouter des décorations, des couleurs, des dessins ; pour enfin l’afficher dans sa chambre, l’offrir…


Le reporter 

Comme un petit journaliste en herbe, l’enfant peut tenir un carnet de bord de ce qui se passe dans son quotidien et écrire des petits articles, ses impressions, ses opinions, ses avis, y mettre des photos…




Tape-Tape

Profil : Auditif, musical-rythmique

Matériel : Des mains ! Du papier.



Ecrire plusieurs mots sur une feuille. L’enfant doit trouver le bon nombre de syllabe en tapant dans ses mains à chaque syllabe. Au fur et à mesure, ajouter des mots de plus en plus longs. Si l’enfant tape des mains à vide (avec une ou plusieurs syllabe(s) en trop, alors il doit relever un défi (préparé préalablement dans un petit pot avec d’autres défis).



Conseil d’amie : Participez avec votre enfant le jeu n’en sera que plus amusant ! Vous pouvez varier en tapant des pieds, claquant la langue, sauter, cligner des yeux etc

Le petit + : Ce jeu travaille le découpage syllabique des mots. Il permet aussi de travailler le sens rythmique de l’enfant.


Le correspondant

L’enfant peut entretenir une correspondance avec un autre enfant de sa classe, de sa région, de la France… Cela lui permet d’écrire des lettres et donc de s’initier à l’expression écrite de manière plaisante ! Par la suite un correspondant étranger peut être tout à fait bénéfique pour favoriser l’apprentissage des langues.

L'abécédaire
Profil : créatif, kinésthésique, visuel
Matériel : grand cahier à feuille blanche, feutres, crayons, gommettes, paillettes, tissus, cartons etc.

Découper dans un support (carton, papier canson, tissu, papier mousse …) les 26 lettres de l’alphabet. Varier les couleurs et les tailles. Coller chaque lettre (dans l’ordre !) sur une page du cahier. Décorer, dessiner, inventer tout un monde autour de chaque lettre en mettant en valeur des objets, animaux, aliments… qui commencent par la lettre en question.

Exemple : A : autruche, ananas, armoire
Conseil d’amie : Laissez parler la créativité et plus il y a de couleurs mieux c’est !

Le petit + : Les lettres découpées permettent d’être utilisées comme des lettres rugueuses pour apprendre l’écriture (Montessori).



" Assieds toi ! "




Quel parent ou enseignant n'a pas déjà prononcé cette phrase ? Oui, nous apprécions lorsque l'enfant est sagement assis à table, immobile (ou presque ! ). Nous prétendons que cela est favorable à la concentration, participe aux bonnes conditions de travail etc. Mais avouez que c'est tellement plus facile pour l'adulte quand l'enfant est assis bien sage, nous n'avons alors pas à crier et contrôlons la situation comme nous aimons le faire, c'est tellement rassurant !

Cependant, des études récentes ont démontré les limites de ce fonctionnement. En effet, plus on resterait assis, plus on serait fatigué. Selon Isabelle Filliozat "la station assise divise par 2 l'activité électrique dans les jambes, ralentit le flux sanguin, donc l'irrigation du cerveau, fait fondre les muscles des jambes, du dos" (Psychologie positive Mars/Avril 2016 ). La récréation ne serait donc pas suffisante pour permettre aux enfants d'entretenir une activité physique régulière. Une étude a été menée sur 300 élèves travaillant en station debout (bureau haut) ou en station assise (bureau classique); il s'agissait de comparer leur concentration. Résultat : les élèves travaillant debout avaient 7 minutes de concentration en plus par heure. Certaines classes ont d'ailleurs investi dans ces bureaux hauts et les élèves travaillent debout la plupart du temps.

De plus, toujours selon Isabelle Filliozat, la station debout "réduit le stress occasionné à la colonne vertébrale, mais il favorise également réduction des comportements débordants [...] laisser les enfants bouger pendant la journée augmente leurs notes de 15%" (Psychologie positive Mars/Avril 2016).




Il apparaît donc que le position debout favorise davantage la pensée, la concentration et les comportements actifs. Une vraie révolution à l'heure où notre société tend davantage vers une réelle passivité devant les écrans etc.

Bien entendu, le juste milieu est toujours à rechercher. On ne demandera pas à un enfant de rester debout absolument toute la journée, et inversement.
Comment faire alors ? Voici quelques pistes :

- Essayons d'être indulgents lorsque celui-ci éprouve le besoin de se lever, de bouger pendant le temps des devoirs

- Mettons en place des temps de pause suffisants et fréquents durant lesquels l'enfant peut se lever, bouger voire même prendre l'air...

- Sachons différencier les apprentissages nécessitant d'être assis pour écrire lisiblement par exemple, et ceux pour lesquels rester debout ne pose pas de problèmes : apprentissage des leçons pour certains enfants qui le souhaitent, exercices, travaux manuels etc A vous de définir avec vos enfants les moments où cela est possible et ceux où la position assise demeure la plus favorable.

- La pratique d'un sport est importante pour l'enfant et lui permet de se dépenser ainsi que de muscler son ossature (réduction des problèmes de dos etc)

- Évitons de laisser nos enfants "comater" devant les écrans pendant des heures, sortons ! Marchons, visitons, jouons !

- Laissons place à notre imagination pour aider notre enfant à s'habituer à être davantage debout, et donc actif.  Cela vous paraîtra certainement pénible au début de le voir debout pendant les devoirs, mais lorsque cela deviendra une routine, ça deviendra habituel pour vous comme pour lui.

Attention cependant à ne pas imposer cette position, il s'agit simplement de laisser l'enfant se lever quand il en éprouve le besoin, voire même de l'inviter à le faire... Le plus important étant son bien être avant tout !